Mères des quartiers populaires : des intermédiaires sur le fil

En bref

« Vous avez des femmes qui depuis des décennies agissent dans les quartiers pour apporter du calme, de la sérénité, calmer les jeunes, et pour donner des perspectives positives pour occuper cet espace public. » Cette déclaration de Nadia Hai alors ministre chargée de la ville, remonte à février 2021.

Elle venait présenter sur un plateau de télévision le programme « Gilets roses » du gouvernement, destiné à soutenir des collectifs de femmes engagées dans la médiation au sein des quartiers. Un bien bel exemple de la figure de la « mère-tampon » dénoncée par la militante Fatima Ouassak. Cette conception des mères comme relais sécuritaires s’inscrit dans une histoire longue du rapport entre l’État et les quartiers populaires qu’il s’agit de « reconquérir », selon le langage gouvernemental. Tantôt perçues comme des victimes à sauver, des complices à réprimer ou des intermédiaires à soutenir, les mères des quartiers populaires sont l’objet de nombreux fantasmes. Qu’en est-il en réalité sur le terrain, au plus près de ces femmes qui habitent les quartiers populaires ?